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Interview du Dr Jean-Jacques Aknin, orthodontiste à Paris, directeur pédagogique de l’Ecole Supérieure d’Orthodontie, leader scientifique dans l’enseignement privée d’Orthodontie de Pointe avec plus de 850 heures de formation.
Bonjour Docteur, Quel est votre diagnostic sur l’orthodontie aujourd’hui ?
Avant de parler d’orthodontie d’aujourd’hui, j’ai envie de parler de l’orthodontie d’hier.
L’orthodontie est une science en telle explosion que nombres de techniques ou méthodologies de traitement totalement légitimes dans les années 90 sont complètement obsolètes de nos jours.
L’orthodontie d’hier ce sont les forces extra orales, les appareils dentaires métalliques classiques avec élastomères, les extractions dentaires inutiles et invalidantes ; ce sont les forces extra-orales ou casques dentaires qu’ont connu de nombreux enfants et qui sont en totale contradiction avec les théories de la respiration céphalique et du libre jeu sutural connu depuis Sutherland en 1928 qui ont donné naissance à l’ostéopathie moderne.
Je suis souvent perturbé par ces traitements orthodontiques non seulement dépassés par nos connaissances scientifiques récentes, mais qui surtout sont rivés à la mécanique du mouvement dentaire provoqué, sans tenir compte du patient ou des nouveaux moyens d’ancrage. Nous devons en tant que praticiens responsables, nous réévaluer en permanence et nous hisser au plus haut niveau des données acquises de la science.
L’orthodontie d’aujourd’hui, c’est évidemment la révolution des appareils dentaires invisibles, mais aussi les brackets auto-ligaturants, les vis d’ancrages, et une meilleure prise en compte et stimulation de la croissance, pour harmoniser les visages à l’âge adulte.
Ce sont aussi des traitements chirurgico-orthodontiques de plus en plus sophistiqués tant dans la œuvre aussi bien dans la préparation orthodontique que dans l’acte chirurgical lui même.
Ces méthodologies de traitement offrent de toutes nouvelles perspectives, des traitements plus rapides, plus efficaces, moins gênants et avec de meilleurs résultats .
Comment voyez vous l’orthodontie de demain ?
La science et la médecine avancent de manière prodigieuse.
La biomécanique, le mouvement dentaire provoqué dans un respect tissulaire ou les mécanismes de la croissance sont mieux appréhendés. Et il est donc plus facile d’en optimiser la gestion. Cela permet de maximiser la croissance d’un maxillaire ou d’une mandibule pour un enfant pour obtenir plus tard un visage harmonieux en limitant toujours plus les cas de chirurgie lourde chez l’adulte.
Les révolutions de la 3D constituent également une innovation et une révolution qui a à peine commencer à nous toucher dans l’orthodontie.
Dans la partie liée à l’imagerie permettent , elles permettent de
- Créer des brackets dentaires customisés, c’est-à-dire créés spécialement selon la physilogie de la dentition d’un patient et donc de potentialiser l’efficacité des forces pour dessiner habilement le sourire de celui-ci. Invisalign est l’un des pionniers dans ce domaine avec une logique de gouttières, de même que les techniques linguales,
- Comprendre totalement et de prévoir la morphologie du visage et le positionnement des dents. Les techniques d’imagerie permettent non seulement d’avoir un jugement et une vision plus fine au moment du diagnostic clinique, mais également de prévoir et simuler les étapes du traitement. Les reconstructions 3D permettent aussi de prévoir le mouvement dentaire à réaliser pour les dents incluses en évitant le contact avec les racines des dents adjacentes. Je pense que nous sommes encore aux balbutiements de ces techniques très enthousiasmantes.
Vidéo d’un scan tri-dimensionnel avec un Cone Beam
Si on extrapole, je pense que nous pourrons dans l’avenir standardiser la capacité à montrer au patient son visage post traitement comme on le fait parfois dans d’autres disciplines dentaires avec une impression 3D du sourire. Ces technologies vont permettre d’impliquer et de motiver davantage le patient dans son traitement.
Simulation 3D du traitement d’un patient avec le logiciel Dolphin Imaging
Enfin, il y a évidemment l’orthodontie rapide. Les corticotomies et la piézochirurgie ont ouvert la voie a des traitements insensés il y a encore quelques années. Je me suis lancé à fond dans ces nouveaux types de traitement et suis impressionné par les résultats dans des délais de deux à trois fois plus rapides. C’est grisant pour un praticien de constater des traitements avec un tel impact. Et quelle satisfaction créée pour le patient !…
Vous parliez à l’instant des nouvelles technologies, comment voyez vous ces nouvelles technologies impacter la profession ?
Les changements sont immenses et commencent à se faire sentir avec les scans et l’impression 3D. Tout le métier de la prothèse est en pleine révolution.
Mais ce n’est qu’une étape. Dans l’avenir, l’impact sera encore plus important pour nous praticiens.
En effet, dans quelques années, nous pourrons non plus commander du matériel orthodontique mais l’imprimer. On commence avec les moulages. Mais bientôt seront probablement disponibles également les brackets en impression métallique.
Je pense aussi à la gestion des cas assisté par ordinateur. Au fur et à mesure ce seront de véritable GPS de traitement. Le « Big Data » ou leur capacité à accumuler les données scientifiques de milliers de cas pourra permettre de réaliser des simulations de traitement ou de guider l’orthodontiste de façon plus précise et plus certaine sur la stabilité des résultats acquis. J’évoque ici un point particulièrement important de notre spécialité : la STABILITE post-traitement actif.
L’effet positif est le fait d’être poussé à une forme d’excellence et d’apprendre collectivement et mondialement. L’effet moins positif est la moindre autonomie de l’orthodontiste. Mais c’est une réalité dans tous les domaines.
Ces évolutions ne sont-elles pas dommageables pour le praticien ? Je pense notamment à la plus grande transparence liée à internet
Oui et non. Je pense que c’est la fin d’une pratique dentaire où le médecin était un notable qui ne devait pas rendre trop de compte. Il était jugé uniquement en cas de fautes graves dénoncées par le patient.
Maintenant les choses changent. Les patients sont mieux informés grâce à internet et sont aussi plus exigeants. Enfin ils communiquent en ligne sur des plateformes dédiées que ce soit Google ou Yelp ou encore d’autres. Il faut savoir évoluer.
Mais je choisis de regarder le côté positif : les changements actuels font qu’un nouvelle population a désormais envie de suivre tel ou tel type de traitement. Pas seulement parce que nous sommes dans une société de l’image symbolisé par le « selfie » où nous sommes sans cesse confronté à notre apparence, mais parce que ces types de traitements sont plus accessibles. Ils sont moins envahissants, moins stigmatisants, souvent moins longs. Que ce soient les traitements par gouttières invisibles, l’orthodontie rapide par corticotomies ou les chirurgies maxillo-faciales plus précises et moins douloureuses, c’est une population tout autre qui peut enfin envisager de se faire traiter. Et c’est une excellente nouvelle pour les services rendus à la santé publique par notre profession et pour les débouchés économique de celle-ci.
Enfin d’un point de vue personnel, je suis moi-même, comme j’imagine une grande partie de mes confrères, confronté à cette demande d’exigence et de transparence supérieure des patients même si parfois cela peut vous faire perdre du temps. Ou bien même à des remises en cause. “J’ai lu ci. Pourquoi ne pas faire comme ça ? ” Mais d’un autre côté, je trouve cela positif. Ca nous pousse aux changements, à l’innovation. C’est une pression positive qui force à une pratique de meilleur niveau.
4 Comments
Hélèna
Bonjour Docteur, J’ai vu que certains praticiens ont commencé à prendre des empreintes numériques avec une sorte de scanner 3D. Quels sont les apports de technologies du numérique et du digital dans le traitement orthodontique ?
Dr Jean-Jacques Aknin
Bonjour Héléna, Les empreintes numériques évitent au patient les empreintes classiques à l’alginate qui parfois provoque des nausées. Cela constitue, à mon sens, un grand progrès. Le numérique, c’est le futur de l’orthodontie.
Prenons deux exemples. Premièrement les techniques de traitement par aligneurs qui sont fabriqués par stéréolithographie et qui permettent de fournir au patient l’ensemble des aligneurs dont il aura besoin jusqu’à la fin du traitement.
Le deuxième exemple concerne les nouveaux appareils d’orthodontie qui sont totalement individualisés pour chaque patient, c’est-à-dire réalisés sur mesure pour chacune des dents de chacun des patients. Cela permet de déterminer les traitements avec une très grande précision.
Les matériaux customisés sont aussi bien les brackets que les arcs orthodontiques.
Ludo
Bonjour Docteur,
Que pensez vous d’un traitement orthodontique qui se fait de plus en plus dans les pays Anglo-Saxons et qui consiste à ré-ouvrir les espaces interdentaires (et y implanter de nouvelles dents) lorsque cela est possible ? Pratiquez-vous vous même cela ou est-ce pratiqué en France ?
En Anglais ils appellent ça “reopening extraction spaces” il me semble.
Dr Jean-Jacques Aknin
Yes, of course, if it is necessary 🙂